Congo nouveau

La ville de Bukavu a assisté le 30 juin au lancement du mouvement Elikya. Une structure d’éveil de conscience et de changement pour un Congo nouveau. A sa tête Delphie Namuto, sa coordonnatrice en province du Sud-Kivu. Qui est Delphie Namuto ? Quelle est sa vision pour le Congo ? La réponse dans cette interview accordée à la rédaction de congoleo.net.

Licenciée en droit public de l’Université catholique de Bukavu (UCB), c’est la radio qui révèle aux habitants du Sud-Kivu et de Bukavu ses qualités journalistiques.

D’abord animatrice des émissions à la radio Maria. Elle est engagée à la radio Okapi, antenne de Bukavu en 2003 comme journaliste reporteur.

« J’ai réalisé 15 ans à la radio onusienne que je considère comme ma mère professionnelle. Elle m’a,  en effet, nourri sur ce plan car elle a forgé la femme que je suis aujourd’hui. J’ai acquis des aptitudes professionnelles dans le monde médiatique au sein de la Radio Okapi : le travail d’équipe, la performance, l’endurance, …un peu de tout ce qu’il faut pour un professionnel du domaine », reconnais-t-elle.

Il s’agit pour Delphie Namuto des 15 ans de travail dans un contexte des conflits armés, des guerres à répétition à l’Est du pays. Une période caractérisée par un climat de tension. Le pays étant dans un système de gouvernance pas démocratique.

Un changement basé sur la formation d’un citoyen nouveau

 « Il était claire que les risques du métier étaient, en tout évidence, énormes. Notre travail consistait à donner l’information à la population congolaise à travers tout le pays. Et surtout à parler des problèmes, des phénomènes réels qui se passent tout autour de nous. Dénoncer des injustices, des inégalités, des violations des droits humains. Dans un contexte tel que décrit, vous comprenez que la tâche n’était pas du tout facile pour les chevaliers de plume que nous sommes », estiment-elle.

Il faut dire que c’est dans cette période que la station de radio Okapi Bukavu a connu la perte de ses journalistes dont Serge Maheshe. Ce qui n’est pas resté sans conséquence sur la vie professionnelle de Delphine.

Une occasion pour elle, comme pour d’autres femmes travaillant sur cette chaîne de montrer que le monde médiatique n’est pas une exclusivité des hommes.

« J’ai découvert que le journalisme nous ouvre au monde. Et en tant que femme on se sent totalement impliquée dans beaucoup de choses qui touchent notre sensibilité au sein de la société », déclare-t-elle.

Un monde qui a laissé apparaître le côté activiste du journaliste. En 2018 elle a créé la Fondation Etoile pour essayer d’aider les enfants et jeunes en situation difficile.

Ici plus de 100 enfants qui n’ont pas des moyens d’étudier sont reçus au centre de rattrapage. La communauté est sensibilisée pour la prise en charge nutritionnelle de ces derniers.

La participation de Delphie dans les organisations féminines, membres de la Dynamique 50% des femmes, la coalition des femmes et autres, ainsi que le domaine de la carrière enseignante qu’elle a embrassée ont forgé en elle l’esprit d’activiste.  

« Je crois fermement que comme nombreux de nos ainés de ce pays ont failli à leur mission. Il  faut maintenant travailler à la racine, l’esprit des jeunes qui sont des acteurs clé du  changement. L’important c’est vraiment investir en ces jeunes congolais pour espérer qu’un Congo nouveau est possible. Nous devons les aider à comprendre ce qui se passe. Pour qu’à leur tour, ils ne tombent pas dans les mêmes erreurs que nos ainés », suggère Delphine.

Le Congo nouveau est possible

Une œuvre qu’elle pense réaliser au sein du réseau Elikya Sud-Kivu, quelle coordonne au sein de cette province. Elikya regroupe des filles et fils du pays autour de la vision d’un Congo nouveau.

Pour Delphie, un Congo nouveau est encore possible « si nous nous trouvons des hommes qui portent des valeurs en eux. Des hommes et des femmes qui tiennent à cœur leur personnalité dans leurs actions qu’ils posent ».

Le travail, à l’en croire, est de rechercher et former toutes ces compétences humaines afin d’aider le Congo à retrouver son destin qui n’est autre que celui d’être fort et puissant pour servir l’humanité.

Irène Bifomo

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