« C’est avec effroi que nous avons appris les récentes tueries commises au Nord-Kivu et en Iturie ». C’est par cette phrase que le Dr Mukwege commence sa déclaration sur les récents massacres en Ituri et au Nord-Kivu.
Le prix Nobel de la Paix fait observer que les populations de cette région vivent dans la peur et l’horreur. Il rappelle qu’au moins 30 civils ont été massacrés par armes blanches et armes contondantes le 3 septembre. Ceci alors qu’au moins 19 autres civils ont été tués le 27 août de cette année dans le territoire de Beni.
Dans un document rendu public ce jeudi 9 septembre, Mukwege trouve que le quotidien de ces populations est caractérisé par des atrocités qui défient l’imagination et heurtent profondément la conscience humaine. « Des massacres à grande échelle, des incendies de villages, des pillages et des viols commis avec une extrême violence », écrit-il.
Pour Mukwege des solutions politiques sont insuffisantes
Ces massacres sont attribués aux miliciens des Forces démocratiques alliés (ADF) dont le nombre de civils tués approche les 6000 morts depuis 2013. Des massacres perpétrés malgré la présence de la Monusco et de la Brigade d’intervention qui opèrent en appui aux FARDC. Sur base du Chapitre VII des Nations Unies qui autorise tous les moyens d’ordre militaire nécessaires pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales.
« Cette situation tragique et scandaleuse n’est plus supportable », juge Dr Denis Mukwege. Il trouve que sous d’autres cieux, la commission de ces crimes les plus graves mobiliserait l’intervention de la justice pénale internationale. Et ne comprend pas le silence de cette même justice pénale internationale pour la situation congolaise et parle de deux poids, deux mesures.
« Ces atrocités de masse qui endeuillent notre Nation chaque jour se commettent dans une indifférence qui soulève notre indignation la plus profonde », se désole-t-il. « Malgré l’état de siège instauré dans le Nord-Kivu et en Ituri, la situation sécuritaire ne semble pas s’améliorer dans ces Provinces et la crise humanitaire dramatique que les populations civiles endurent se transforme en une véritable crise de notre humanité », renchérit Mukwege.
Face à cet échec, le prix Nobel de la Paix 2018 reste convaincu que le chemin de la paix durable passera par le recours à tous les mécanismes de la justice transitionnelle. Il appelle à l’application des recommandations formulées dans le rapport Mapping, publié il y a presque 11 ans par le Haut-commissariat des Nations unies pour les droits de l’homme.
« A l’instar de n’importe quel peuple, les victimes congolaises des atrocités de masse et la société congolaise dans son ensemble ont le droit à la vérité, à la justice, à des réparations et à des garanties de non-renouvellement des atrocités », déclare-t-il.
Thomas Uzima