Le docteur Denis Mukwege exhorte le président de la République, Félix Tshisekedi, à placer la lutte contre l’impunité et le recours à la justice transitionnelle au cœur de la stratégie de sortie de la Monusco.
Cette exhortation ressort de sa déclaration de ce 9 septembre en rapport avec les récents massacres survenus au Nord-Kivu et en Ituri. Le prix Nobel 2018 indique que cette stratégie serait évoquée au sommet des Nations unies qui s’ouvre prochainement.
Mukwege fait connaître qu’au cours du sommet, les dirigeants du monde entier prendront la parole à l’Assemblée Générale de cette institution. Une occasion, estime-t-il, pour le chef de l’Etat congolais à faire preuve d’une volonté politique pour placer la lutte contre l’impunité et le recours au cœur de sa stratégie.
« Nous l’invitons à solliciter l’aide des Nations Unies et l’adoption d’une résolution du Conseil de Sécurité pour mettre en place sans tarder une équipe d’enquêteurs intégrés au Bureau Conjoint des Nations Unies pour les Droits de l’Homme, comprenant entre autres des experts en anthropologie médico-légale pour exhumer les nombreuses fosses communes à l’Est du pays et collecter et préserver les éléments de preuve d’actes susceptibles de constituer des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des crimes de génocide perpétrés en RDC », écrit Dr Denis Mukwege.
Justice pour des millions des congolais
Il fait observer que la situation qui prévaut dans cette région touchée par les conflits armés depuis des décennies est la deuxième crise humanitaire la plus grave au monde quand on prend en compte les 5,2 millions de déplacés que connaît la RDC.
« En outre, les conflits qui ravagent notre pays depuis 25 ans sont les plus meurtriers depuis la 2e Guerre Mondiale », ajoute-t-il.
Mukwege trouve que le temps est venu pour le Chef de l’Etat de concrétiser son engagement à faire adopter une stratégie nationale holistique de justice transitionnelle. Et à demander de manière expresse aux Nations Unies l’établissement d’un Tribunal Pénal International pour la RDC.
Mais aussi le soutien à la mise en place de chambres spécialisées mixtes pour rendre justice aux victimes des crimes les plus graves et mettre fin à la culture de l’impunité qui alimente les conflits dans notre pays depuis les années 1990.
Thomas Uzima