« La justice populaire, une autre forme d’insécurité ». C’est la phrase choisie par Julien Iragi, pour dénoncer ce qui se passe dans le village de Mushweshwe en groupement de Bushumba, territoire de Kabare.
Julien Iragi fait savoir que ça fait un bout de temps qu’il s’observe dans cette partie du Sud-Kivu une recrudescence des cas de justice populaire. « Plus de 10 cas depuis le début de l’année », annonce-t-il.
Il cite le cas de M’Nyampamba qui a était tuée à Nyamwihya dans le sous village de Buhehe. Elle est accusée d’avoir causé la mort de sa concubine et sa belle-sœur. Ces dernières, décédées par noyade, revenaient de Lugendo où elles étaient parties pour visiter le mari malade et qui y suivait des soins. Des jeunes de Nyakaliba-Bukenke dans le village de Luhihi seraient impliqués dans cette affaire, à en croire Julien.
Des hommes et des femmes victimes de la justice populaire
« Le fils à Eric Mugomba était lynché dans le marais de Mushweshwe parce qu’il aurait volé des câbles électriques de la ligne de Luhihi. S’en est suivi le fils à Kanyerera aussi lynché pour avoir volé un panneau solaire », note-il. Pour ces deux cas, des jeunes de Luhihi sont toujours pontés de doigt.
Cet habitant de Bushumba indique le cas le plus récent qui est celui survenu ce dimanche 1er août. C’est celui de Henri Kamina, habitant de Cibinda, qui a été brulé vif et ses maisons incendiées. Il a été accusé être à l’origine de la mort du nommé Mulangaliro.
« Un homme a été exécuté, accusé d’avoir étranglé trois enfants par la corde Kabanga, pendant qu’il les occupait aux petits travaux », révèle Julien en soulignant que ce n’était pas la première fois que l’homme était cité pour ces pratiques. « Les personnes interpelées pour ce dossier ont été tous relâchées pour insuffisance des preuves », reconnait-il.
Il cite aussi d’autres cas dont celui de la femme à Biregeyi Lufungulo de Cibayari tabassée jusqu’à perdre la vie. Le nommé Magala et Bade fils à Nkwayu également tués dans les mêmes circonstances.
La loi de la République interdit à toute personne de se rendre justice. Même si parmi les personnes victimes se trouvent des cas de vols, il existe aussi des cas de sorcellerie dont les preuves sont difficilement établies. A noter également en ce qui concerne la justice populaire, il arrive que des personnes innocentes en payent les frais.
Julien Iragi plaint le silence des autorités tant locales que provinciales qui laissent faire sans réagir. Il plaint également les médias qui ne parlent pas de cette situation. « Notre silence est complice », souligne-t-il.
Thomas Uzima