Le pharmacien Georges Mutombo explique que les mauvais médicaments sont à la base de la détérioration de la santé de plusieurs personnes à Bukavu. Il l’a fait savoir lors d’une interview accordée à congoleo.net ce mercredi 21 septembre, en marge de la journée des pharmaciens célébrée chaque 25 septembre.

« Un bon diagnostic pour un mauvais médicament ne sert à rien », déclare le vice-président de l’ordre des médecins au Sud-Kivu. Il estime que lorsque le médecin a bien fait son travail et que le patient a consommé un mauvais médicament cela peut le conduire à la mort. Ce qui n’est pas, selon lui, de la faute du médecin. « En nutrition on dit, nous sommes ce que nous consommons », indique-il.

Georges Mutombo informe que des médicaments contrefaits et de mauvaise qualité inondent les marchés du Sud-Kivu. Et constate que beaucoup des personnes ont la lourdeur de se rendre dans des pharmacies pour se procurer des bons médicaments. Et s’exposent en achetant des médicaments mal conservés, qui se vendent presque partout.

« L’OMS a publié dans ses statistiques que 100.000 décès par an sont liés aux commerces des médicaments contrefaits », informe le pharmacien. Et d’ajouter qu’après vérification sur le marché de Bukavu, le résultat est que les antibiotiques sont les plus contrefaits.

International Policy Network pour sa part estime que les faux antituberculeux et antipaludiques sont à l’origine de 700 000 décès par an dans le monde. L’équivalent de « quatre avions gros-porteurs remplis de passagers s’écrasant chaque jour ».

« La criminalité est là, la population l’ignore », dit-il. Ce qui explique le bien fondé de la journée du 25 septembre destinée à la sensibilisation sur cet état de chose. Un travail fait et qui doit être fait par des pharmaciens. « Et nous ordre nous sommes là pour tirer la sonnette d’alarme ».

Des pharmaciens pour une bonne prescription des médicaments

Cette journée lancée depuis 2009 par la Fédération internationale pharmaceutique a pour objectif de sensibiliser la population sur le rôle et mission des pharmaciens. Car il s’est observé dans la société que beaucoup ignorent son rôle.

Le vice-président de l’ordre des pharmaciens au Sud-Kivu, indique que la province compte plus de 180 pharmaciens inscrits sur leur tableau. Ils sont repartis dans les institutions de l’Etat. Des hôpitaux, des centres de santé, des dépôts pharmaceutiques, industries de production des médicaments, des zones de santé et des pharmacies. Et que d’autres seront inscrits bientôt.

« L’ordre des pharmacies joue plusieurs rôles », estime-t-il. Georges Mutombo appelle à l’accompagnement du gouvernement, qui décide dans le secteur pharmaceutique. C’est lui qui donne des autorisations aux établissements pharmaceutiques. « Normalement ça doit se faire avec l’implication de l’ordre des pharmaciens pour chaque cas », pense-t-il.

« Nous demandons à tous les pharmaciens d’ouvrir leurs propres pharmacies pour que nous puissions aussi lancer des actions d’assainissement. Et amener la population à s’approvisionner en médicaments de bonne qualité », renchérit Georges. Pour y parvenir, pense-t-il, l’accompagnement de l’Etat est important. Un accompagnement qui doit passer par des garanties afin que les banques leurs octroient des crédits.

Georges appelle également l’Etat à appliquer la loi  en la matière. Et à la population de faire confiance aux pharmaciens dans leurs prescriptions médicales. « Nous disons à tous ceux-là qui travaillent illégalement que la production et la distribution de médicaments contrefaits fait l’objet de poursuites à titre de crime à l’humanité », conclut-il.

Isabelle Barhigenga