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Il s’observe dans la ville de Bukavu la hausse de la production des boissons fortement alcoolisées.

La jeunesse est la catégorie de la population qui consomme ces produits dont le taux d’alcool n’est pas connu par les fabricants eux-mêmes. Ceci n’est pas sans conséquence car au-delà de l’insécurité et du banditisme qui en résulte, il s’observe des cas de morts parmi les consommateurs.

Qui produisent ces boissons ?, pourquoi les produisent-ils ?, qui en sont les consommateurs ?, quelles sont leurs conséquences sur la santé ?

Congoleo.net vous propose une série des reportages qui vous plongent dans le phénomène « boisson fortement alcoolisée » dans la ville de Bukavu.

Acte 1 : de la production

Elles portent plusieurs noms, selon la formule chimique, les produits utilisés. Kahogojo, machafu panya, kapiongo, mazampia, muchibwe, Kafanya mbio, Kanyanga ainsi de suite. Ces boissons sont le fruit de la production locale faite généralement de levure, du sucre, et du colorant comme nous dit Anastasie Mufungizi, habitante de Bagira et l’une des productrices.

Elles sont la plupart fabriquées par des femmes à des histoires variantes. Pour Anastasie Mufungizi, elle est veuve et mère de plusieurs enfants. Elle indique s’être investi dans la production de ces boissons suite aux difficultés de la vie après la mort de son mari. « Cette activité me permet de nourrir mes orphelins étant donné que je n’ai pas d’autre occupation », dit-elle.

Mapendo Munyolo fait savoir de sa part que la pauvreté est la cause qui la pousse à s’adonner à la production de ces boissons. Elle indique avoir été abandonnée par son mari, il y a déjà 5 ans et elle doit seule élevé ses 5 enfants.

Reconnaissant la nuisance de ces boissons à la santé, une autre productrice dit n’est pas avoir de choix car elle doit nourrir à tout prix ses enfants. « Au Congo, il n’y a pas d’emploi. Mon mari ne travaille pas et nous avons une famille à nourrir. Si vous demander un emprunt pour faire du commerce, personne ne vous prête. Mais pour avoir du sucre, c’est facile de l’obtenir à crédit », déclare-elle.

A la question de savoir le taux d’alcool contenu dans leurs produits, personne ne sait le dire. Mais toutes sont d’accord qu’à petite dose, les consommateurs s’enivrent et vite.

Malgré la décision des autorités interdisant la production de ces boissons, c’est le contraire qui se produit. Rappelons qu’il y’a deux mois les autorités ont démolis des maisons où sont vendus ces produits dans la commune de Bagira, des maisons qui ont été reconstruite quelques jours après.

« Même s’ils nous chassaient, nous reviendrons. Même s’ils démolissaient, nous construirons », déclare Françoise Mwayuma. Pour elle, elle n’acceptera pas de voir ses enfants mourir de faim alors que l’Etat ne paye pas son mari qui travaille sans matricule depuis plusieurs années.

Irène Bifomo

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